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Cabinet Comptable Antoine Ghigo

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Étude > Le marché de la solitude en 2006

Le marché de la solitude en 2006

1 - La population en jeu
2 - Us et coutumes des personnes seules
3 - Présentation et structure de l’offre

Agences matrimoniales et clubs de rencontres confondus toucheraient en général et de manière constante moins de 10 % des solitaires. C’est donc peut-être « le marché du siècle », mais il reste à le conquérir. Et l’on peut d’ailleurs se demander pourquoi ce marché est encore à prendre… L’une des réponses possible est que la cible des personnes vivant seules est l’une des plus difficiles à appréhender, du fait de la diversité des profils qui la composent (jeunes célibataires, divorcés, veufs, célibataires aguerris ou victimes du célibat…) et des modes de vie respectifs et attentes diverses.

1 - La population en jeu

1.1 - Les personnes seules

Les chiffres

Au 1er janvier 2006, la population de la France métropolitaine et des départements d’outre-mer est estimée à 62,9 millions d’habitants.
Selon la dernière enquête de recensement effectuée par l’Insee en 2004, les Français sont de plus en plus nombreux à vivre seuls. En quarante ans, la proportion de personnes vivant seules a plus que doublé, passant de 6,1 % de la population en 1962 à près de 14 % en 2004 (en 1999, cette proportion était de 12,6 %). 8,3 millions de personnes vivent seules en 2004, dont près de 5 millions de femmes. Sur 10 hommes qui vivent seuls, 6 sont célibataires, assez jeunes, 3 divorcés ou mariés et 1 veuf. La situation est complètement différente pour les femmes : sur 10 femmes vivant seules, 5 sont des veuves, plutôt âgées. Cependant, les différences entre hommes et femmes sont très liées à l’âge. Avant 25 ans, le fait de vivre seul concerne autant les hommes que les femmes, soit une personne sur huit. Entre 25 et 50 ans, les femmes vivent moins souvent seules que les hommes, moins d’une sur dix. Pour les hommes, c’est à 40 ans que le déséquilibre est le plus fort avec les femmes : à cet âge, ils sont deux fois plus souvent seuls. À 51 ans, les situations s’équilibrent à nouveau, mais à partir de cet âge, la proportion de femmes vivant seules progresse très sensiblement et se situe de plus en plus au-dessus de celle des hommes. Le point culminant se situe à 85 ans. À cet âge, plus d’une femme sur deux vit seule, mais seulement près d’un homme sur quatre. Au-delà, les personnes âgées vivent de plus en plus en institution. Au total, plus de la moitié des personnes vivant seules ont plus de 55 ans. L’état matrimonial des personnes vivant seules illustre bien ces différences entre les hommes et les femmes. Habiter seul signifie-t-il pour autant vivre sans compagnon ? Certains couples choisissent en effet d’habiter chacun dans leur propre logement, provisoirement ou durablement. Depuis l’enquête de recensement de 2004, une question nouvelle sur la vie en couple est posée, indépendamment de l’état matrimonial légal. Entre 20 et 30 ans, 2,5 % des hommes et des femmes vivant seuls déclarent vivre en couple avec une personne habitant dans un autre logement. Cette proportion augmente avec l’âge et plus encore pour les hommes que pour les femmes. Géographiquement enfin, sachez qu’à l’exception des toutes petites communes de moins de 150 habitants, la proportion de personnes seules augmente avec la taille de la commune, passant de 9 % à plus de 20 % pour les communes de plus de 100 000 habitants. Ce qui montre une prédominance des personnes seules dans les villes, en particulier dans les centres-villes. Un peu moins de la moitié des personnes seules vivent dans les centres-villes des pôles urbains, contre 28 % de la population totale. Les personnes seules sont peu présentes dans les couronnes périurbaines où se retrouvent plutôt les familles. Le phénomène est particulièrement net dans le Bassin parisien où moins d’une personne sur dix vit seule dans les départements de la grande couronne francilienne ainsi que dans l’Eure et l’Oise. Mais, dans Paris intra-muros, une personne sur quatre vit seule. Cette situation s’étend au département des Hauts-de-Seine, près d’un habitant sur six y vivant seul.

Pourcentage de personnes seules selon l’âge et le sexe

Enfin, au nombre des personnes seules reconnues, si on ajoute les veufs et veuves, les divorcé(e)s, le total s’élève à quelque 16 millions d’hommes et de femmes seuls en France. Un chiffre énorme mais trompeur car certains célibataires ou divorcés vivent en couple sans être mariés. Notons aussi que de plus en plus de célibataires choisissent de le rester. Cette situation devrait perdurer, voire s’accentuer dans les années à venir : selon les prévisions démographiques, le nombre des célibataires augmentera plus vite que celui des ménages. Les projections annoncent aussi que la majorité de la population, à un moment ou à un autre de son existence, vivra seule en moyenne quatre à cinq ans. Une évolution favorable au secteur de la rencontre et du matrimonial (voir le tableau sur la projection des ménages en annexe n° 1 à la fin de ce livre).

Les causes actuelles de la solitude

Elles sont très variées : outre les causes strictement démographiques (veuvage), on peut recenser des causes sociales, économiques, historiques, technologiques et idéologiques.

- En partie à cause de l’allongement de la durée des études, les jeunes quittent de plus en plus tardivement le domicile familial (cocooning), et lorsqu’ils partent, ils ont tendance à vivre plus souvent seuls.
- La désertion des campagnes (surtout l’exode féminin) a isolé ceux et celles qui continuent d’y vivre, en limitant leurs possibilités de rencontres.
- Les effets « pervers » du féminisme : les femmes qui ont aujourd’hui la quarantaine, avec la maîtrise de la contraception, ont souvent sacrifié une possible vie de couple sur l’autel de leur réussite sociale et professionnelle. À la fin de la trentaine, poussées par l’horloge biologique, elles sont en proie à un désir d’enfant et se mettent en quête du père possible. Elles sont souvent surreprésentées dans les fichiers des agences matrimoniales.
- L’hypertrophie des vies professionnelles, phénomène auquel il faut ajouter le critère de mobilité qui réduit les cercles d’amis et les opportunités de rencontres véritables et durables.
- L’avènement des nouveaux moyens de communication : Minitel hier, Internet aujourd’hui, et le boom du téléphone portable… Tous se substituent au contact direct et le remplacent par une rencontre virtuelle.
- Le renfermement dans la sphère du privé (développement du home cinéma et du « cocooning ») et le délaissement relatif des lieux de sociabilité et de rencontres (quant aux boîtes de nuit et assimilées, elles ne sont pas forcément propices aux rencontres durables). Conséquence de ce repli sur soi : la peur des rencontres de hasard, notamment liée à des maladies sexuellement transmissibles (MST), et en premier lieu du sida, et la peur de l’inconnu.
- L’organisation urbaine, qui encourage l’anonymat. La ville n’est plus un lieu de rencontres mais de simples croisements.

1.2 - Les divorcés, les monoménages et les familles monoparentales

Les divorcés

Le nombre de divorces a connu une forte augmentation en 2003 (dernières données de l’Insee) : 125 000 divorces ont été prononcés. L’indicateur conjoncturel de divortialité s’établit à 43 divorces pour 100 mariages soit une hausse de quatre points par rapport à 2002. Cette hausse intervient après une période de stabilité entre 1995 et 1999 (autour de 117 000 divorces chaque année) et une baisse sensible en 2000 et 2001. L’augmentation concerne toutes les durées de mariage. Mais c’est entre la troisième et la cinquième année de mariage que le risque de divorce est le plus élevé. 8,5 % des mariages célébrés en 1998 ont donné lieu à un divorce dans les cinq années qui ont suivi. Si 11 % des mariages de 1973 ont été suivis d’un divorce avant le dixième anniversaire de mariage, c’est le cas de 17,5 % des mariages de 1993.
Pour donner un chiffre plus proche de la réalité, il faudrait pouvoir prendre en compte les « désunions libres », c’est-à-dire les séparations des concubins, qu’il est impossible de recenser avec certitude.
Dans 73 % des cas, c’est la femme qui demande le divorce. Dans les divorces pour rupture de la vie commune, la part des demandes masculines est plus importante que dans les autres cas (divorce pour faute ; divorce par consentement mutuel notamment).
Les hommes quittés par leur femme ont parfois le « réflexe agence matrimoniale » pour soigner ce qu’en psychanalyse on appelle « la vexation narcissique », et aussi pour restaurer leur image au bureau ou en société. Le divorce a récemment augmenté plus fortement qu’ailleurs dans les départements où il était traditionnellement peu répandu (départements de l’Ouest). Toutefois, les écarts entre les départements restent importants, et surtout cette hausse n’atténue que peu les résistances au divorce dans des régions comme la Bretagne ou l’Auvergne (variable religieuse). En revanche, le taux de divortialité est plus élevé dans l’Est, en Île-de-France et dans les départements voisins.

Les monoménages

Évolutions sociologiques aidant, de nouvelles formes de vie familiale sont apparues dans les pays européens. La catégorie des célibataires (ou « solitaristes » ou « solibataires ») et celle des familles monoparentales intéressent particulièrement les agences matrimoniales. Selon l’enquête de l’Insee, si, entre 1962 et 1982, le nombre des familles monoparentales est resté stable (autour de 700 000), il est passé à 1,17 million au début des années 90, avant d’atteindre 1,49 million lors du recensement de 1999, soit une augmentation de 20 %. Le terme de mono-ménage, inventé par l’Insee en 1982, désigne les personnes vivant seules dans un logement, souvent à la suite d’un divorce, d’une séparation ou d’un veuvage.
Aujourd’hui en France, Paris est la capitale du célibat (800 000 célibataires), mais très nombreuses aussi sont les personnes seules dans toutes les autres grandes villes du pays comme Lyon, Marseille, Toulouse… Cette tendance à vivre seul s’observe de plus en plus chez les célibataires jeunes, la catégorie de population qui a le plus contribué à l’augmentation du nombre des monoménages. Mais la majorité des personnes seules est constituée de personnes âgées. Avant 55 ans, ce sont plutôt les hommes qui vivent seuls, surtout en milieu rural. En revanche, plus de 75 % des personnes seules âgées de 55 ans et plus sont des femmes.

Les familles monoparentales

L’expression désigne un père ou une mère vivant seul(e) avec un ou plusieurs enfants – soit un seul apporteur de ressources dans le ménage. Cette nouvelle structure familiale représente une famille sur six. Il y a quarante ans, plus d’un monoparent sur deux était veuf ou veuve, contre un sur dix aujourd’hui. Parallèlement, la proportion de divorcés est passée de 17 % dans les années 60 à 43 % au début des années 90. Pour ces familles issues d’une séparation, largement majoritaires parmi les familles monoparentales (elles en représentent les trois quarts), les enfants avaient en moyenne 4 ans et demi au moment de la rupture lorsque leurs parents vivaient en union libre, contre 8 ans et demi lorsque les parents étaient mariés. À l’opposé, les enfants d’environ 15 % des familles monoparentales n’ont jamais vécu avec leur autre parent – et 11 % de ces familles monoparentales le deviennent à la suite du décès du conjoint. Dans ce dernier cas, observent les chercheurs, l’injustice prévaut : les hommes veufs se remettent plus souvent en couple que les femmes veuves.
Reste un cas de figure très flou, et pourtant de plus en plus important : celui du parent célibataire. Jadis limitée aux « filles mères », cette catégorie « correspond de plus en plus souvent à des situations de concubinage ». Elle représentait, en 1999, 32 % des familles monoparentales, contre 9 % en 1960.
Selon l’Insee, les familles monoparentales ont un niveau de vie inférieur à celui des autres ménages (les femmes ne sont pas toujours actives, ont souvent des salaires inférieurs à ceux des hommes, sont aussi plus exposées au chômage et pratiquent plus souvent le travail à temps partiel). En 2003, leur revenu moyen par unité de consommation (23 000 euros) était inférieur de plus du tiers à celui des autres foyers avec un enfant (36 592 euros).

1.3 - Les différentes formes d’union

Les mariages

En 2005, 278 000 mariages ont été célébrés, soit autant qu’en 2004. Leur nombre baissait depuis le pic de l’an 2000 (plus de 300 000), mais cette tendance ne s’est pas poursuivie en 2005. Entre 2003 et 2004, les mariages de célibataires, qui représentent quatre mariages sur cinq, ont diminué tandis que les remariages ont légèrement augmenté. La progression des mariages comportant au moins un époux de nationalité étrangère, entamée en 1997, s’est interrompue en 2004. Ils représentent 20 % des mariages. L’âge moyen au premier mariage continue à augmenter. En 2004, les hommes se marient en moyenne à 30,9 ans, contre 30,6 ans en 2003, et les femmes à 28,8 ans, contre 28,5 ans en 2003. Les hommes se marient ainsi 2,2 ans plus tard qu’il y a dix ans. Pour les femmes, le recul est de deux ans.

Les unions libres

L’union libre ou concubinage est définie comme une union de fait, caractérisée par une communauté de vie stable et continue entre deux personnes de sexe différent ou de même sexe, vivant en couple. Le législateur reconnaît que le concubinage peut concerner un couple hétérosexuel comme homosexuel.
2,7 millions de couples se déclarent comme tels, sans avoir pour autant signé de contrat officiel, soit 1 sur 6 environ, contre 1 sur 10 au début de la décennie 90. Le débat sur le pacs a occulté la masse des couples vivant en union libre, au sein desquels les partenaires sont notamment considérés d'un point de vue fiscal comme s'ils étaient étrangers l'un à l'autre. Pour certains, il s'agit d'une sorte de période d'essai, pendant laquelle il est plus facile de se séparer d'un point de vue juridique. Mais, de plus en plus, l'union libre se vit dans la durée. Difficile d'y donner une interprétation quant au couple lui-même : le fait que l'union puisse se défaire plus facilement n'est pas le signe de sentiments moins forts.

Les pacs (pactes civils de solidarité)

Depuis sa création fin 1999 et exception faite de l’année 2001, le nombre de pacs n’a pas cessé de croître. Ainsi, 40 100 pacs ont été conclus en 2004, soit 27 % de plus qu’en 2003, et la croissance s’est poursuivie en 2005. Les dissolutions de pacs progressent également rapidement : en 2004, 7 000 pactes ont été dissous. Au total, c’est le cas de 12 % des pacs conclus depuis 1999. 340 000 pacs (métropole + Dom Tom) ont, en fait, été conclus entre le 15 novembre 1999 et le 1er août 2005, selon le ministère de la Justice. Le pacs, phénomène urbain, est surtout conclu en Île-de-France (21 781) et dans les régions du sud de la France : Rhône-Alpes (9 868), Provence-Alpes-Côte d'Azur (8 887), Midi-Pyrénées (5 714), Aquitaine (5 674).

2 - Us et coutumes des personnes seules

2.1 - Du constat de solitude à la démarche de la rencontre

Isolement et solitude

Les ménages d’une personne, tels que les célibataires, les divorcés ou les veufs, sont loin de constituer une catégorie homogène. D’un bout à l’autre de la vie, les personnes seules sont de nature différente : les célibataires se distinguent des divorcés et des veufs, d’abord par leur plus grande jeunesse, leur niveau de diplôme plus élevé (les jeunes sont plus diplômés que leurs aînés), un peu plus souvent homme que femme (les femmes forment leur couple plus tôt). Ensuite par la proportion plus réduite de personnes isolées relationnellement : 14% pour les célibataires contre 25 % pour les divorcés et 35 % pour les veufs. Si les ménages d’une personne développent effectivement plus de contacts avec leur entourage, cela ne compense pas l’absence d’interlocuteur au sein du foyer. Il n’est pas étonnant alors de constater que les célibataires, les divorcés ou les veufs sont deux fois plus fréquemment sujets au sentiment de solitude que le reste de la population, même si les personnes qui ressentent la solitude n’en souffrent pas toutes avec la même intensité.
Quant aux chefs de familles monoparentales, ils occupent une place intermédiaire entre couples et personnes seules. Aussi isolés sur le plan relationnel que certains couples (d’au moins trois enfants ou âgés de plus de 60 ans), ils accusent un sentiment de solitude beaucoup plus vif que les célibataires. 85 % des chefs de familles monoparentales sont des femmes et leur situation les rapproche des divorcées vivant seules avec qui elles partagent souvent l’expérience de la séparation (le veuvage ne représente guère qu’un cinquième de l’origine des familles monoparentales). En revanche, la présence d’enfants les protège mieux du sentiment de solitude.
Les personnes habitant seules révèlent une particulière vulnérabilité à la solitude. Moins structurées socialement par les contraintes matérielles induites par la vie à deux, elles sont aussi moins soutenues affectivement. Enfin, l’isolement relationnel touche plus particulièrement les catégories sociales défavorisées. Ainsi, les personnes sans diplômes, les ouvriers, les chômeurs ont une probabilité significative d’être isolés. À l’inverse, les plus diplômés ont moins de risques de l’être, confirmant ainsi des études précédentes.
Selon Odile Lamourère, psychosociologue, responsable d’une étude sur la consommation des monoménages en France, « plus de la moitié des personnes vivant seules le vivent mal. Elles veulent sortir de leur solitude et se disent prêtes à rencontrer un partenaire. Si les autres le vivent bien, elles ne pensent néanmoins pas forcément qu’il s’agit d’une situation définitive. Finie la décennie des “célibattants” : à part les célibataires volontaires ou endurcis, le célibat est aujourd’hui un état largement subi. » Elle apporte un bémol à cette constatation en observant l’arrivée d’une génération de femmes plutôt à l’aise dans leur célibat et bien décidées à y rester. Toujours selon cette spécialiste, vivre en couple est un désir numériquement majoritaire, particulièrement chez les hommes. D’autres indices le prouvent. De l’ensemble des statistiques se dégage un constat majeur : le nombre des mariages reste stable et même en légère augmentation, alors même que s’élargissent les possibilités de vie en couple sous d’autres formes. Il s’agit donc d’un choix délibéré et, comme en témoigne l’augmentation de l’âge du premier mariage, d’un choix réfléchi. À cause de l’importance du phénomène de concubinage, les remariages, en revanche, se font moins fréquents. Selon certains sociologues, néanmoins, on se dirige vers une situation à l’américaine qui permettra de connaître deux et même parfois trois vies de couple dans son existence, avec des temps de célibat plus courts.
Toutefois, selon un sondage réalisé par l’Ifop, à la question : « Parmi les deux propositions suivantes, quelle est celle que vous préférez pour une vie de famille ? », 66 % des sondés ont répondu : se marier et 30 % : vivre ensemble sans se marier. Plus de la moitié des Français considèrent le mariage comme une institution importante (pour 23 % d’entre eux, c’est une union indissoluble, et pour 36 % seulement, pouvant être dissoute en cas de problèmes graves). Difficile adéquation, donc, entre les désirs exprimés et la réalité des statistiques !

Rompre l’isolement : du désir à l’action !

Selon le sociologue Jean-Claude Kaufmann, auteur d’un ouvrage sur les femmes seules, « les personnes ne vivant pas en couple sont regardées d’un autre oeil que dans les années 70-80 : les “femmes seules” sur lesquelles on s’apitoie ont remplacé les “superwomen”, “nouvelles célibataires” et autres “célibattantes” (la Femme seule et le prince charmant, 1999). » Dans ce même livre, il note que « l’heure n’est certes plus à l’inventivité individuelle, l’avenir fait peur, le besoin de protection réactive les valeurs traditionnelles. La crise du financement social pousse l’État à se désengager et à restaurer la famille comme pivot de la socialisation. » Dans le même temps, l’indépendance résidentielle ne cesse de se développer, et Odile Lamourère explique que « les femmes, notamment, ont découvert la vie en solo souvent après un divorce et avec le recouvrement de la liberté qu’il implique… Les solistes ont compris que si on peut vivre seul, on ne peut pour autant vivre isolé… Il est nécessaire de savoir créer des réseaux conviviaux, d’inventer des moyens de faire des rencontres et de trouver des lieux pour les favoriser… » Autant de pistes auxquelles ne répondent pas forcément les agences matrimoniales classiques, mais qu’ont commencé à explorer d’autres créateurs agissant sur le créneau de la rencontre, principalement grâce à Internet et aux multiples possibilités offertes par ce vecteur de communication. Les personnes seules trouvent aussi dans les loisirs qui leur sont réservés une nouvelle réponse à leurs attentes.
Sans oublier d’autres initiatives telles que le « speed dating », le « turbo dating » (par exemple 8mn.net, parisdating.fr, 7minutes.com), le coaching amoureux, les cafés rencontres. La cible des célibataires représente donc une opportunité pour tous ceux qui auraient envie d’entreprendre dans ce secteur.
Les professionnels du matrimonial considèrent généralement que 200 000 à 300 000 personnes font appel à une agence (ce qui ne signifie pas que toutes souscrivent forcément un contrat), soit un faible pourcentage du marché potentiel. Selon un calcul qu’avait réalisé Uni-Inter, l’un des principaux franchiseurs aujourd’hui disparu, à partir de ses statistiques sur deux ans, les agences matrimoniales et les clubs de rencontres confondus touchent en général et de manière constante moins de 10 % des solitaires. On avance par ailleurs le chiffre de 100 000 adhérents dans les fichiers des agences, même si ce chiffre est à manier avec précaution. C’est donc peut-être « le marché du siècle », mais il reste à le conquérir. Et l’on peut d’ailleurs se demander pourquoi ce marché est encore à prendre… L’une des réponses possible est que la cible des personnes vivant seules est l’une des plus difficiles à appréhender, du fait de la diversité des profils qui la composent (jeunes célibataires, divorcés, veufs, célibataires aguerris ou victimes du célibat…) et des modes de vie respectifs et attentes diverses. Dès lors, une autre approche consisterait à comprendre le phénomène de manière transversale, le célibat intervenant à un certain moment de la vie tout comme le veuvage. Et ce moment correspond à certaines valeurs partagées et à des modes de consommation distincts.
En constatant une stabilité dans la fréquentation des agences matrimoniales depuis plusieurs années, alors que le pourcentage des personnes seules augmente, on peut en déduire que ce mode de rencontre perd du terrain. D’après un sondage réalisé par l’Ifop et publié dans le Nouvel Observateur il y a quelques années, à la question « Pour rencontrer quelqu’un en vue de vivre ensemble ou de fonder un foyer, quelle est la meilleure solution parmi les quatre suivantes ? », 76 % des sondés ont cité en premier les bals, puis les boîtes de nuit (46 %), les clubs et associations (30 %) et enfin 5 % seulement les agences matrimoniales à égalité avec les petites annonces directes. Même comme deuxième meilleure solution, l’agence ne recueille que 12 % des suffrages. Enfin, formulation plus vague, 32 % « acceptent l’idée d’y avoir recours » lorsque trouver un partenaire s’avère difficile. Ces pourcentages sont révélateurs du fossé qui reste à combler dans les mentalités. Ils sont aussi à nuancer et peut-être à revoir un peu à la hausse, certaines personnes sondées ayant pu hésiter à confier qu’elles auraient recours prioritairement ou en cas de besoin à une agence matrimoniale… Toujours dans le même sondage, 66 % de la population interrogée pensent aussi que la peur des rencontres de hasard (liée à la peur du sida, la peur de l’autre, la peur de l’inconnu) explique que les personnes seules aient du mal à fonder un foyer. Au total, si le marché de la solitude est numériquement important, les agences matrimoniales semblent peu perçues comme une réponse possible à la demande de rencontres, et ce à cause d’une forte concurrence sur ce marché (clubs de rencontres, Internet…). Néanmoins, celles-ci conservent une clientèle. Reste à savoir laquelle. La réponse est certainement à trouver dans l’offre affichée : bien loin de la simple rencontre, les agences proposent à leurs clients « libres de tout engagement » la possibilité de former un couple (avec ou sans mariage). Ce n’est pas le parti pris des sites ou des clubs de rencontres ou de loisirs, qui répondent la plupart du temps à une tout autre attente. Les professionnels du matrimonial restent donc confiants et, pour certains, n’envisagent pas d’étendre leurs activités vers des offres de loisirs, sûrs d’être en adéquation avec les besoins de leurs clients.
De la personne seule à la recherche d’un partenaire à l’adhérent d’une agence matrimoniale, il y a encore un fossé. Si le potentiel démographique existe, reste à le transformer en réalité économique. Et comme le dit Gilbert Liard, président de l’ONCRH (Ordre national des conseillers en relations humaines) et spécialiste du créneau des agences matrimoniales, « nous [les agences matrimoniales] n’obtenons pas non plus la juste récompense de nos efforts auprès des clients satisfaits, qui pratiquent la politique du “moi je ne connais pas”, alors qu’en cas d’échec, ils n’hésitent pas à généraliser leurs critiques, “les agences matrimoniales, cela ne marche pas et cela coûte cher” ». Ce qui ne facilite pas le travail pour convaincre les adhérents potentiels.
À ce constat des agences matrimoniales, il convient d’opposer la réussite des sites de rencontres sur Internet qui voient leur clientèle se démultiplier : plus de 4 millions d’internautes surfent sur les sites de rencontres en France. Il n’est pas de notre propos d’en chercher les causes mais bien d’aborder un créneau en pleine croissance pour qui souhaiterait s’y lancer. Au-delà de la réussite des pionniers en ce domaine, tels Match.com (45 millions d’inscrits à travers le monde), Meetic, ou Net.club, des sites ciblés ont vu le jour, tels les sites pour homosexuels, divorcés, handicapés ou encore les sites par religion. Toutes les couches de la population sont concernées, jusqu’aux seniors, initiés à Internet et conquis, pour certains, par la facilité de contact.

2.2 - Accorder l’offre à des attentes multiples

Quelle que soit l’offre, le créateur potentiel doit tenter de toucher sa cible sans la désigner. En effet, peu de célibataires se revendiquent comme tels, et ils ne souhaitent ni se voir « ghettoïser », ni montrer du doigt. D’où l’effort de certains pour inventer des dénominations davantage dans l’air du temps : « solos », « célibattants », « solibattants », « célib’ », et plus récemment « single » (qui semble pour l’instant avoir la faveur des acteurs du marketing). La subtilité doit donc être de mise dans la communication autour d’un produit pour célibataires.
Les célibataires, ou reconnus comme tels, avant d’être définis par leur état matrimonial, sont avant tout des consommateurs comme tout un chacun. Certaines initiatives ont été vouées à l’échec à trop vouloir cibler les « solos ». Les célibataires, en outre, ont des comportements différents selon leur âge, leur sexe, leurs revenus, leurs habitudes, leurs goûts... et leurs attentes. On remarque, par exemple, que si les jeunes femmes, souvent en groupe, se retrouvent dans des dîners de célibataires, elles constatent avec amertume que les hommes ne les fréquentent guère, et que les rares messieurs présents affichent un âge largement supérieur à ce qu’elles souhaiteraient. D’où la difficulté, pour l’organisateur, à respecter la parité hommes-femmes dans ce genre d’activité. Les lieux « tout célibataires » sont rares, et seuls quelques-uns rencontrent un franc succès. Certains contournent ces difficultés en classant les personnes par tranches d’âge (dîners 25/35 ans, puis 35/45) ou en ciblant les revenus (les dîners sur « casting » où les candidats sont rencontrés au préalable individuellement afin d’accorder au mieux les personnalités... et les catégories socioprofessionnelles). On peut aussi rassembler les personnes en fonction de leurs centres d’intérêt, ainsi les cafés psycho, cafés littéraires, ou cafés philo, qui ne prétendent pas à la rencontre mais n’en accueillent pas moins une clientèle presque exclusivement célibataire.

2.3 - Déséquilibres sociodémographiques

Le « faux marché » de la solitude ?

La catégorie des personnes vivant seules (célibataires, veufs et divorcés) comprend le marché des demandeurs de mariage ou d’union stable ; autrement dit, le marché du matrimonial est un sous-ensemble du marché des gens seuls, en même temps qu’il reflète et reproduit à son niveau ses structures et ses déséquilibres. La population des gens seuls est globalement riche en potentialités. Mais on ne peut s’arrêter à ces généralités. Il convient d’étudier cette population de plus près, par tranches d’âge et par catégories sociales.

La tranche d’âge des 40-60 ans

Dans cette tranche d’âge, le déséquilibre est important. D’une part, les hommes de cette catégorie souhaitent moins souvent se remarier que les femmes. D’autre part, ceux qui sont décidés à se remarier préfèrent le faire avec des femmes célibataires (ni veuves, ni divorcées) : en effet, dans presque un cas sur deux, les divorcés se remarient avec une célibataire – selon les données sociales de la nation – ou avec une femme jeune dans la perspective d’avoir des enfants. Mais à leur tour, ces jeunes femmes sont statistiquement plus exposées, à terme, à la solitude compte tenu de l’écart d’âge entre elles et leur mari… Au total, c’est sans doute plus d’un demi-million de femmes veuves ou divorcées de la classe d’âge 40-60 ans qui sont victimes de la solitude.

Les femmes cadres

Le taux de célibat est élevé chez les femmes cadres moyens et supérieurs de 30-40 ans. Lorsqu’elles souhaitent se marier, elles ne cherchent pas un homme d’un statut social inférieur ou égal, mais supérieur. Et elles posent parfois problème aux responsables d’agence parce qu’elles ont des exigences très difficiles à satisfaire. À l’inverse, beaucoup d’hommes porteurs d’idées traditionalistes, pour ne pas dire « machistes », choisissent parfois une femme moins instruite qu’eux.

Les agriculteurs

Le célibat des hommes est beaucoup plus important chez les agriculteurs que chez les citadins – ceci en raison de l’exode agricole féminin. Plus de 50 % des jeunes filles qui vivent à la campagne la quittent aux alentours de leur vingtième année, et on compte près de trois hommes célibataires en milieu rural pour un célibataire en milieu urbain.

Les « marginalisés »

On peut citer, sans toutefois pouvoir les comptabiliser, les personnes « à problèmes » : les petits, les grands, les timides, les névrosés… Dans cette catégorie, il faut aussi prendre en compte ceux qui se heurtent aux barrières socioculturelles, voire raciales. Pour 200 réponses en moyenne à une offre d’un médecin, la même agence n’en recevra que deux à celle d’un ouvrier. De la même façon, la population masculine émigrée non intégrée souffre elle aussi d’une solitude incompressible.

2.4 - L’adéquation entre les loisirs et les rencontres

Exemple d’adéquation entre la réalité socioculturelle et l’activité matrimoniale, Unicis, franchiseur national, a misé depuis sa création, en 1973, sur l’avènement de la société des loisirs et l’évolution de la demande en ce sens. En effet, les loisirs ont pris une importance croissante en France sous l’impulsion de deux facteurs : hausse du pouvoir d’achat des ménages et baisse de la durée du travail des salariés. Ainsi, le temps libre pour les loisirs a-t-il augmenté depuis vingt ans, comme la part du revenu des Français qui leur est consacrée. Les revenus d’une personne seule s’élèvent à environ 16 000 euros par an et à 23 000 euros pour une famille monoparentale. Il y a donc là un réel potentiel de dépenses, à condition d’identifier avec justesse cette cible et son mode de consommation. Il ne faudrait pas se leurrer pour autant, en pensant que ces célibataires ont un fort pouvoir d’achat. En effet, le niveau de vie d’une personne vivant seule reste inférieur de 30 % à celui d’un couple, pour la raison simple que l’ensemble des charges fixes de la vie ne se répartit que sur un seul individu. Et c’est cette même personne seule qui subit un principe d’imposition sur le revenu qui tend plutôt à favoriser, en France, les personnes en couple. Mais, tout en payant cher leur célibat, les personnes seules consomment autrement. Selon une enquête du ministère de la Culture, une personne seule dépense 640 euros en livres et en disques par an. 16 % des célibataires qui consomment des produits vacances loisirs y consacrent un budget annuel supérieur à 1 500 euros.
L’Insee a calculé qu’au cours des décennies 80 et 90, toutes les activités susceptibles d’être pratiquées le soir – excepté peut-être les spectacles, dont la fréquentation a connu de grandes fluctuations – ont enregistré une forte croissance et, parmi elles, le restaurant et la danse. Idem pour les activités diurnes, comme le sport. Les expositions, les visites de musées sont aussi de plus en plus prisées. Les personnes « libres » sont pour partie à l’origine de ces augmentations : « Les CVD (célibataires, veufs, divorcés) consomment six à sept fois plus de loisirs que les personnes vivant en couple, à la fois du fait de leur disponibilité et sans doute de leur besoin de communiquer », constate Stéphane Maillard, président-directeur général d’Unicis. D’où l’idée d’exploiter ce goût qu’ont les célibataires pour les « multi-activités », en se positionnant sur le créneau des loisirs en plus de l’activité traditionnelle qui consiste à mettre en relation des personnes.
Au niveau local, régional ou national, les agences du groupe Unicis organisent des rencontres collectives à l’occasion d’un événement, sportif ou culturel : une soirée à thème – souvent dansante – qui peut rassembler, selon les cas, 15 ou 180 personnes, un voyage, une exposition, un week-end sportif… Cette offre de services particulière permet aux membres du Club Unicis d’entrer en contact avec d’autres adhérents, de reconstituer un tissu relationnel, et à l’agence de se débarrasser de la classique image du « marieur ». D’autres franchiseurs et des agences indépendantes proposent aussi ce type de services à leurs clients, moyennant généralement un coût supplémentaire.
Citons aussi, sur Paris, l’exemple du Club Eurofit, créé à l’initiative d’une bande de copains célibataires qui voulaient faire la fête, du sport et des balades ensemble, et qui bénéficie aujourd’hui de vingt-sept ans d’expérience. Chacun amenant ses propres amis, le groupe s’est étoffé jusqu’à devenir deux entités distinctes et séparées géographiquement (Euroclub créé en 1976 et Fitclub créé en 1983). En 1989, les deux fondateurs « amis » regroupent leurs forces et leurs idées et créent Eurofit-Club, qui se définit comme Le club de loisirs réservé aux célibataires. Connaissant en 1999 un certain essoufflement, le club a été repris par un jeune couple totalement étranger à ce milieu mais désireux de changer d’horizon. Nathou et Olivier Jooris décident de donner un nouveau souffle et une dynamique à ce concept : réhabilitation des locaux, avenue de l’Opéra au coeur de Paris, et relance de la politique de communication. Eurofit se veut le lien entre des hommes et des femmes qui souhaitent, d’une part, avoir des activités extraprofessionnelles et, d’autre part, élargir leur cercle d’amis et de connaissances. Au début de l’année 2004, Eurofit revendiquait 3 500 membres actifs auxquels sont proposées près de 100 activités chaque mois, répertoriées sur un mini-catalogue édité chaque trimestre. L’équilibre hommes-femmes est respecté (52 % de femmes pour 48 % d’hommes) et la moyenne d’âge est d’environ 39 ans (31 % de plus de 45 ans). 47 % des membres d’Eurofit sont célibataires, 35 % sont divorcés et le reste est constitué de personnes séparées ou veuves.
Les cotisations de base (69 euros environ par mois), avec un engagement d’un an, donnent accès à quelque 56 activités gratuites sur 96 possibles. Les autres sont payantes, tout comme les dîners et les soirées dansantes du week-end.
Enfin, d’autres initiatives ont vu le jour. Ainsi, les organisations de soirées-rencontres pour célibataires, les « turbo dating » ou « speed dating » (marques déposées) : rencontres organisées entre des célibataires qui disposent de sept minutes pour se présenter et ont la possibilité de connaître les coordonnées de ceux ou celles qu’ils ont « retenus » dans la mesure où ceux-ci ou celles-ci les auront eux-mêmes désignés (à noter que ces initiatives concernent principalement les jeunes célibataires en milieu urbain). Ces soirées ont connu un franc succès lors de leurs débuts et commencent à s’essouffler. Citons aussi les cafés dédiés à la rencontre, comme le Love Connection Café ou Drôle d’Endroit pour une Rencontre, à Paris. Ou encore l’agence CPournous, qui propose des voyages pour célibataires qui partagent les mêmes centres d’intérêt. Le point commun à toutes ces initiatives est de faire en sorte que les personnes s’amusent, trouvent un plaisir à être ensemble, lient connaissance et plus si affinités. Passé les premiers instants où chacun, en connaissance de cause, sachant qu’il est face à un autre célibataire en attente d’une rencontre potentielle, et peut en éprouver une certaine gêne, oublie cette donnée de base et en arrive à simplement goûter aux plaisirs de la convivialité. C’est souvent là que la personnalité de l’organisateur ou de l’animateur fait la différence.

3 - Présentation et structure de l’offre

3.1 - Les agences matrimoniales

On compte aujourd’hui environ 900 agences matrimoniales en France, soit la plus forte présence de tous les pays d’Europe (hors agences présentes seulement sur Internet).

Franchises et concessions

Dans le matrimonial comme dans d’autres métiers, l’improvisation et une mauvaise préparation peuvent tuer une affaire. Pour contourner cette difficulté, nombreux sont ceux, parmi les futurs entrepreneurs, qui s’adressent à un réseau de franchise, de partenariat ou de concession, espérant trouver là une assurance contre les risques liés au démarrage de l’activité, et bénéficier de l’effet de marque et du savoir-faire… Moyennant un droit d’entrée et d’accès à la formation de 15 000 à 25 000 euros, les candidats reçoivent un enseignement théorique et pratique. Mais le secteur de la franchise en agences matrimoniales a du mal à se défaire d’une image de marque altérée. Certains franchisés mécontents s’estiment trompés et poursuivent en justice le réseau auquel ils se sont affiliés. Le premier grief invoqué est le non-respect de la loi Doubin du 31 décembre 1989, qui a vocation à protéger les futurs franchisés. Ceux qui se sentent floués regrettent aussi que les études de marché soient superficielles et que certains fichiers soient peu utilisables. Gilbert Liard, président de l’ONCRH, dénonce pour sa part le turnover qui règne dans la profession : « Nous tenons des statistiques depuis quinze ans. On ferme chaque année autant d’agences matrimoniales qu’on en ouvre, c’est-à-dire près de 300. Les causes fondamentales de ces échecs à répétition, ce sont non seulement les pratiques de certaines franchises, mais le fait que le succès, dans ce métier, tient avant tout aux qualités de l’individu. Il n’y a pas de savoir-faire transmissible et ce n’est pas une enseigne qui permet de réussir. »
La franchise a été réglementée par la loi Doubin et dispose aujourd’hui d’un véritable mode d’emploi (vérifications auprès de la Fédération française de la franchise, des organisations comme la Fédération des réseaux européens de partenariat et de franchise, le Centre d’information des franchisés, etc.). Il convient de recommander à tout adhérent potentiel à un réseau de franchise de bien étudier le contrat proposé et de se renseigner sur les actions en justice en cours dont peut éventuellement faire l’objet le franchiseur considéré. Même s’il faut garder à l’esprit qu’à l’intérieur d’une même enseigne, des franchisés réussissent très bien alors que d’autres périclitent en quelques mois.

Franchiseurs nationaux

On recense aujourd’hui quatre concédants d’envergure nationale. Il est difficile d’établir un classement définitif, ce dernier fluctuant en fonction du stade de développement de chaque réseau : pause d’organisation, phase de recrutement intense ou période de crise… ce qui peut rapidement bouleverser l’ordre du tableau. Tous les spécialistes en franchise s’accordent à dire que les franchises de services sont les plus complexes à structurer et à conduire à une taille d’envergure. Fin 2005 les principaux franchiseurs présents sur le marché étaient Fidelio, Uni-Centre, Unicis et Union Conseil.

Fidelio

En 1975, Michel Tirole, le propriétaire de la marque, installe la première enseigne Fidelio à Nice. À partir de cette agence pilote, il développe le groupe, d’abord au plan régional (Côte d’Azur), puis national. Avec un réseau de 111 agences en Europe (notamment en Espagne), son enseigne est aujourd’hui présente presque partout en France. Le franchiseur se définit plutôt comme le concédant d’une licence de marque à un licencié. Autrement dit, il loue sa marque pour un droit d’entrée de 16 800 euros en 2006 et perçoit des royalties fixes, de 600 euros par mois. L’apport personnel demandé est de 30 000 euros. Le chiffre d’affaires moyen annoncé est de 200 000 euros par an.

Uni-Centre

En 1971, Françoise Dudas ouvre un cabinet de conseil conjugal à Blois. L’affaire se développe et, pendant plusieurs années, sa fondatrice pratique la concession de licence de marque au niveau régional – avec Jean-Luc Ferré qui deviendra directeur général du groupe. L’informatisation commence en 1976 et Blois devient le cabinet pilote pour l’extension en franchise du réseau. Cependant, à l’instar des franchises de services, le développement ne va pas sans difficultés, comme en témoignent les chiffres suivants : en 1984, Uni-Centre regroupait une centaine d’implantations, en 1987 environ 80, et en 2002 le réseau n’en comptait que 73. Le réseau recherchait une dizaine de candidats fin 2003. Depuis plusieurs années, ce réseau a opté pour une présence publicitaire en partie centralisée sur des supports nationaux. Des investissements qui, d’une manière ou d’une autre, ont été répartis entre les franchisés. Le droit d’entrée est de 20 000 euros.

Unicis

Né en 1973, ce concept offrant à la fois des « contacts individuels » et des « activités groupe » au consommateur a été rodé dans le Nord (agence pilote à Lille) jusqu’en 1975, date de la mise au point définitive du concept « loisirs rencontres » et de son intégration aux structures. Depuis, l’enseigne s’est développée et compte aujourd’hui 97 agences (dont une à la Réunion). Unicis est aussi présent en Espagne et au Maroc (17 agences). La redevance est actuellement de 11 500 euros. Si le chiffre d’affaires maximum d’une agence parisienne est d’environ 460 000 euros, le chiffre moyen est de l’ordre de 200 000 euros. Chaque agence dépense environ un tiers de son chiffre d’affaires en publicité. Unicis attend une participation active de chaque franchisé et tient compte des avis de chacun. Certains sont dans le réseau depuis plus de vingt ans. La moitié d’entre eux sont salariés et les autres sont entrepreneurs. Tous ont été recrutés pour leurs qualités de commerciaux et sont aussi de bons gestionnaires. Une aide à la gestion leur est fournie par le biais d’un tableau de bord sur Internet. L’actuel président-directeur général, Stéphane Maillard, par ailleurs président de la Fédération française matrimoniale (FFM), se tient informé sur le développement des nouvelles technologies de communication. Il a, depuis quelques années, mis à disposition des clients du franchisé et du franchisé lui-même des services télématiques pour les célibataires adhérents, un outil publicitaire en faveur du franchisé, des logiciels de micro-informatique affinés confortant l’efficacité de chaque franchisé… Et bien sûr le réseau dispose d’un site Internet. Le franchiseur estime avoir encore un potentiel de développement, notamment dans l’est de la France.

Union Conseil

Cette enseigne est née à Romans, dans la Drôme, en 1979. Elle crée en 1984 sa première agence à Paris avec exploitation parallèle de neuf cabinets sur la couronne parisienne. Aujourd’hui, après restructuration, Union Conseil conserve deux agences pilotes en nom propre à Paris et confie à des franchisés l’exploitation de la région parisienne. Sa politique de développement en province est la suivante : implanter des concessions dans les grandes métropoles régionales, selon son concept de « franchise de proximité », comme c’est aujourd’hui le cas à Lyon, Grenoble, Avignon, Valence. Union Conseil propose en fait des implantations avec des chalandises de 300 000 habitants minimum. Le droit d’entrée s’étage de 18 000 à 23 000 euros, et la redevance est de 850 euros par mois ou proportionnelle au volume généré par l’agence (soit 2 à 8,5 % du chiffre d’affaires hors taxes). Relations humaines, télématique, informatique, audio, vidéo : pour Union Conseil, la formation des franchisés est un facteur essentiel. Aujourd’hui, cette enseigne totalise dix-sept agences, dont les deux pilotes de Paris jouent le rôle de leaders dans la région. Par ailleurs, le réseau utilise un outil publicitaire spécifique : la distribution d’un bulletin de petites annonces quadrichromie propre à l’enseigne, bien présenté et qui est exploité par la marque depuis 1979.

Les réseaux régionaux

À l’origine, il s’agit souvent d’un indépendant ou d’un ex-franchisé qui s’est mis en nom propre et décide de s’étendre en développant un mini-réseau, comme Harmonie qui compte trois agences dans l’est de la France, ou Anne Elena Beaulieu, qui compte dix agences dans le Centre, ou encore les deux agences Yvonne Roze en Bretagne. Sans doute, l’ambition des responsables de réseaux régionaux est-elle d’arriver à une représentation régionale, voire nationale sur le modèle des grands franchiseurs. Mais dans ce domaine, il est fréquent de sous-estimer les exigences de toute franchise de services : formalisation complète du concept, développement d’une structure suffisante au suivi du réseau… Pour le franchiseur comme pour le franchisé – et cette remarque vaut aussi pour l’indépendant pressé et forcément novice en la matière –, acquérir du professionnalisme demande de l’argent, de la prudence, de l’expérience et du temps. S’il y a beaucoup d’appelés sur le marché du matrimonial, il reste peu d’élus…

Les indépendants

Il n’y a pas de code Naf spécifique à l’activité d’agence matrimoniale dans le répertoire de l’Insee, qui confond cette activité avec les services personnels, sous le code Naf 93N. Il est donc difficile de dénombrer précisément les agences existant en France, qui seraient au nombre de 900, chacune étant d’une taille moyenne de 1,5 personne pour un chiffre d’affaires moyen de 100 000 euros HT.
Les agences matrimoniales indépendantes sont très souvent de petite taille ; elles emploient dans la majorité des cas une personne au maximum en plus du dirigeant, et ont une implantation nationale assez homogène. En général, les villes de France de plus de 20 000 habitants comptent au moins une agence (sans parler des clubs de rencontres), et dans certaines grandes villes, plus de vingt enseignes différentes ont pignon sur rue. L’étude de marché doit permettre d’éviter au nouveau venu de s’installer dans une région où le secteur du matrimonial est déjà bien occupé ou dans une région frappée par la crise économique… Comme le repreneur d’une franchise a intérêt, avant de signer le contrat, à rencontrer son prédécesseur, l’indépendant a tout à gagner à ne pas se précipiter et à recueillir d’abord le maximum d’informations avant de s’installer ici ou là.

Il est conseillé de s’installer en ville ou dans une proche banlieue. Quant à l’endroit choisi, la discrétion est de mise. Inutile de chercher un emplacement passager et de premier choix, puisque la clientèle vient à l’agence par voie d’annonces. Celle-ci préfère se rendre dans un lieu retiré plutôt que dans une artère marchande, quitte à parcourir une distance plus grande. La profession d’agent matrimonial s’exerce plutôt dans un local discret sur lequel est apposée une simple plaque (renoncez aux plaques luxueuses). De nombreuses personnes exercent même la profession à domicile. Il suffit d’un hall d’entrée, d’une salle d’attente et d’un bureau-salon avec une porte ayant directement accès vers la sortie pour que les clients ne se rencontrent pas.

La concurrence interne

On ne peut ignorer la concurrence interne à laquelle se livrent les chaînes matrimoniales entre elles, les indépendants entre eux, les franchisés et les indépendants, les affiliés d’une même chaîne quand leur contrat ne prévoit pas, ou de manière trop étroite, l’exclusivité territoriale d’enseigne. Ainsi, le contrat de licence de marque de Fidelio concède à chacune de ses enseignes une exclusivité limitée aux territoires de communes, et prévoit la possibilité de chevauchement de secteurs de diffusion. Unicis prévoit, elle aussi, la coexistence de plusieurs points de vente au niveau d’un département lorsque celui-ci est très peuplé, ou de plusieurs agglomérations d’une chalandise suffisante. Mais la concurrence interne peut être vive. Aussi, l’indépendant a-t-il intérêt, avant de s’implanter, à faire un état exact de la concurrence locale. Le franchisé doit obtenir les mêmes informations de son franchiseur et faire préciser dans son contrat l’étendue de son exclusivité.

La concurrence externe

Il n’y a pas encore si longtemps, nombreux étaient les professionnels du matrimonial qui considéraient que la concurrence indirecte était nulle – que ce soit celle des clubs de rencontres, du réseau Internet, du Minitel ou des petites annonces entre particuliers. Les motivations à l’origine de chaque démarche sont en effet différentes. Ce sont des clientèles distinctes et à chaque demande correspond une offre spécifique… à supposer que les candidats à la rencontre différencient toujours aussi clairement les offres. Mais début 2004, certains professionnels n’hésitaient pas à prédire leur défaite face au déferlement de la rencontre sur Internet. Si chaque agence a désormais son site (et ce moyen de communication est incontournable), il faut avouer que les candidats à la rencontre présents sur Internet sont face à une démultiplication des offres.
Tapez sur le clavier de votre ordinateur les mots « rencontre mariage », dans n’importe quel moteur de recherche, et vous constaterez avec effarement le nombre de réponses qui s’affichent à l’écran (9 230 000 dans les pages France d’un important moteur de recherche)... ce qui ne doit pas vous décourager pour autant ! Dans cette jungle de l’offre où se côtoient le meilleur et le pire – entendez « de la rencontre sérieuse » aux « propositions cachées ou non de prostitution, voyeurisme et autres… » –, le célibataire en quête de rencontres peut errer pendant des heures. Mais ce phénomène, véritable bouleversement social, n’en est encore qu’à ses prémices en France, et aucune prospective n’existe pouvant certifier de l’évolution « à coup sûr » des rencontres amoureuses et des mariages de demain !

3.2 - Les clubs de rencontres ou de loisirs pour célibataires

Par rapport aux agences matrimoniales, les clubs de rencontres bénéficient de plusieurs avantages. D’abord, ils n’ont pas été inclus par le législateur dans le domaine d’application de la loi du 23 juin 1989 (cf. annexes 2-3-4) en raison de leur très grande variété et du caractère non stable des unions réalisées. Cette exclusion non seulement réduit la portée du dispositif légal, mais aussi instaure une concurrence déloyale entre agences matrimoniales désormais réglementées et clubs de rencontres libres de toute contrainte légale – concurrence d’autant plus forte que l’on compte un très grand nombre de ces clubs.
Ensuite, entre la publicité d’une agence matrimoniale, qui laisse espérer une « union réussie » et publie des petites annonces attirantes, et un centre de rencontres, qui promet « l’épanouissement » et « l’optimisation » des désirs du client, ce dernier peut faire l’amalgame entre l’une et l’autre. Même une fois l’ambiguïté levée, il ne s’adresse pas forcément à une agence matrimoniale. D’où l’intérêt d’une bonne publicité définissant exactement les ambitions de l’agence.
Enfin, certains centres de rencontres sont des associations dont le régime juridique relève de la loi de 1901. Ainsi s’efforcent-ils d’être exonérés de la TVA, de la taxe professionnelle et de l’impôt sur les sociétés, bien que la loi ne soit plus aussi « souple » que par le passé : la prolifération de ces associations a attiré l’oeil du fisc qui a multiplié les contrôles visant à rétablir le caractère lucratif et donc taxable de certaines de leurs activités.
Parce que leurs charges sont parfois moins lourdes, certaines associations tendent à pratiquer des prix plus bas et donc plus attirants. D’où le détournement opéré d’une partie de la clientèle des agences matrimoniales. Au mieux, c’est une clientèle potentielle en attente ; au pire, c’est une clientèle perdue. Car une première déception peut dissuader le client insatisfait de faire appel à un autre organisme. De plus, parfois, le petit apport financier que le client aurait pu consacrer à une agence matrimoniale a déjà été dépensé une fois qu’il prend conscience que le centre de rencontres ne lui convient pas. C’est pourquoi il peut apparaître judicieux d’associer agence matrimoniale et club de loisirs pour personnes seules. L’adhérent peut naviguer d’un concept à l’autre et multiplier ainsi ses chances de rencontres. Nous pouvons ajouter à ces initiatives les différents cafés, psycho/philo/tarot, etc., dont le but affiché n’est certes pas la rencontre. Il n’en reste pas moins que leur clientèle essentiellement formée de célibataires utilise, consciemment ou non, ces lieux pour tenter de rencontrer, si ce n’est l’âme soeur, tout du moins de nouveaux amis. Ajouter une telle activité à un projet de club de rencontres ou de loisirs peut être une excellente opportunité. Dans la même veine, on peut organiser des rencontres-cuisine, rencontres-musée et autres sorties où l’idée de base n’est en fait qu’un prétexte à la rencontre. Et rien n’interdit de s’inspirer des activités proposées par toutes les MJC et autres associations culturelles. L’imagination est de mise dans un monde où l’isolement voire la solitude assombrissent la vie de nombre de nos concitoyens.
Les clubs de rencontres par correspondance sont un bon exemple de la concurrence directe faite aux agences matrimoniales. Les personnes intéressées par les services de ces gestionnaires de fichiers par correspondance (il existe des équivalents sur Internet et Minitel) reçoivent une documentation accompagnée d’un questionnaire qu’elles retournent avec le règlement d’une cotisation trimestrielle. En échange, elles reçoivent toutes les semaines par courrier une sélection de cinq personnes avec photo scannérisée, coordonnées ou numéro de référence. Ces personnes ne sont jamais reçues mais simplement choisies par ordinateur comme correspondant au profil indiqué dans les questionnaires. Il existe d’autres types de clubs qui font plus ou moins concurrence au secteur du matrimonial. Sans parler du Club Méditerranée (dont la clientèle est composée à près de 50 % par des célibataires) et d’autres clubs de vacances, citons les clubs de sport et associations sportives telles que l’UCPA (Union nationale des centres sportifs de plein air), et aussi les très nombreux clubs du troisième âge. Les activités de voyages doivent être exercées selon les règles propres aux activités de tourisme. D’autres activités encore se rapportent de près ou de loin à la rencontre : le coaching de vie pour célibataires (appelé parfois « love coaching ») en est une. Le coach (si possible formé à ce métier, bien qu’il n’existe pas encore de législation structurant ce métier) accompagne son client ou sa cliente afin de l’amener vers les conditions idéales à la rencontre : se fixer les bons objectifs et mettre en place les actions pour réaliser ces objectifs représente en effet une démarche personnelle visant à rassembler un maximum de chances de son côté. Des émissions télévisées se sont faites le relais de ces activités, en les présentant toutefois sous un jour peu flatteur. Sachez cependant que les professionnels sérieux et compétents existent et qu’ils exercent une activité d’avenir. Elle requiert de grandes qualités personnelles et, sans être un véritable psychologue, le coach se devra d’exercer son métier avec responsabilité, professionnalisme et rigueur. De nombreuses formations et certifications au coaching, non encore reconnues par l’État, existent et garantissent les futurs clients contre les dérives des apprentis sorciers. On peut parler aussi des « écoles de séduction » qui rassemblent des célibataires afin de les conduire à maîtriser les subtilités de la rencontre amoureuse.

3.3 - Les petites annonces

Les journaux gratuits, nés dans les années 60, ont commencé à publier des petites annonces « rencontres », jusque-là réservées aux colonnes du Chasseur français. Ce phénomène a permis le développement des agences matrimoniales qui ont utilisé en masse ce vecteur publicitaire. Certaines annonces émanent d’une clientèle qui, de toutes façons, ne serait pas venue dans une agence matrimoniale. En revanche, d’autres constituent une véritable concurrence, d’autant que leurs tarifs sont attirants (facturation à la ligne pour quelques dizaines d’euros), même si, évidemment, ces annonces ne s’accompagnent d’aucune prestation comme c’est le cas dans les agences dignes de ce nom.
Il peut suffire aussi qu’un célibataire en quête de rencontres découvre une petite annonce qui semble correspondre à son attente pour qu’il renonce ou suspende l’idée de s’adresser à une agence. Parfois, cependant, ce sont des clients qu’une agence matrimoniale finit par récupérer.

3.4 - Internet

Dans la lignée du Minitel et notamment du Minitel « rose », Internet est aujourd’hui un inépuisable vivier de rencontres virtuelles. La difficulté la plus évidente consiste à faire le tri parmi les offres proposées : de l’agence matrimoniale ayant pignon sur rue aux offres à caractère pornographique en passant par les sites de « chat » (causeries libres), les forums d’idées selon les affinités ou encore les propositions de mariage avec des « filles de l’Est » (avec toute la réputation douteuse qui s’y attache). À ce propos, on note le développement des échanges vers des pays autres que la France. Internet permet cette ouverture au monde, qui amène deux personnes situées chacune dans un continent différent à établir une relation, certes virtuelle au début, mais qui peut mener à nouer des liens qui vont de la simple amitié à la relation amoureuse. Pour mettre fin à la solitude engendrée par les nouveaux modes de vie de notre civilisation occidentale, Internet semble offrir des solutions pour tous les goûts et tous les budgets. Sans oublier le caractère anonyme de la démarche qui peut aider certains à dépasser la peur de se mettre sur le marché de la recherche matrimoniale, et peut-être à pousser ensuite la porte d’une agence si la recherche virtuelle n’a rien donné. Ceux qui ne le pratiquent pas ont dans leur entourage des amis ou des parents proches qui entretiennent des relations virtuelles, ou bien ont lu quelque témoignage ou article de couples qui se sont connus grâce à Internet. Les forums de rencontres se multiplient, mais ils ne sont pas les seuls où l'on puisse rencontrer l'âme soeur. Certains groupes de discussion peuvent être une porte ouverte permettant une rencontre, d'une façon ou d'une autre, avec une personne qui, par sa façon de s'exprimer ou de penser, attire notre attention, sans que certains éléments essentiels dans la vie réelle, comme l'âge, le sexe, l'état civil, aient de l'importance. Selon différentes estimations, 4 millions de personnes seraient inscrites sur des sites de rencontres en France, sachant que l’on compte entre 8 et 10 millions de célibataires. À l’époque de leur lancement, ces sites attiraient surtout les catégories socioprofessionnelles favorisées. Aujourd’hui, le phénomène a gagné quasiment toutes les couches de la société. Les 28-40 ans représentent le cœur de cible, mais les seniors commencent à s’y mettre. À titre indicatif, chez Meetic, 32 % des inscrits ont entre 18 et 24 ans ; 42 % entre 25 et 34 ans ; 21 % entre 35 et 49 ans ; et 5 % plus de 50 ans. Cette tendance du nombre croissant de personnes âgées veuves ou divorcées qui s’inscrivent sur les sites de rencontres pourrait exploser après 2011 quand la génération du baby-boom, qui se caractérise par des comportements libéraux en matière de sexualité et de cohabitation, va entrer dans la période de l'âge d'or. D'ici quelques années, cette génération portera la part des plus de 65 ans dans la population totale à 25 %, contre 13 % aujourd'hui. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : sur Match.com, l'un des plus grands sites de rencontres, les enregistrements de personnes de plus de 65 ans ont augmenté de 122 % en un an.
Autant dire que le marché de la rencontre sur le Net est en pleine explosion en France. Les coûts des rencontres sur Internet peuvent attirer le client, pour peu que celui-ci reste vigilant quant aux facilités de paiement par e-card ou tout simplement quant au forfait de communications téléphoniques qui peuvent grever un budget encore plus lourdement qu’une inscription dans une agence matrimoniale. Alors, Internet : la nouvelle manière de se rencontrer ? Certes ! Même si on ne dispose actuellement pas de chiffres permettant d’établir que ce nouveau moyen de communication a réellement fait ses preuves pour aider des couples à se former.



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