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Cabinet Comptable Antoine Ghigo

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Étude > Quelques portraits

Quelques portraits

1 - Le Pacific Bar devient l'Eden Café
2 - No Stress Café : tout wok et antistress
3 - Bars & Co : le leader des bars à thème
4 - Le Sablier à Rennes : Un bar, une âme
5 - Des cabaretiers-risqueurs
6 - Ils ont créé puis ils ont mis la clé sous la porte
7 - La Coupole est le café des femmes

1 - Le Pacific Bar devient l'Eden Café

En 2000, Olivier Cretinat rachète le Pacific Bar, qui dorénavant s'appelle l'Eden Café. « Je n'ai rien changé aux habitudes du Pacific Bar, hormis le nom. C'est un bar uniquement, comme avant, sans tabac, ouvert de 7 h 30 à 21 heures, et nous proposons simplement des sandwichs en guise de restauration », nous explique Olivier Cretinat, qui travaillait auparavant dans la restauration, et qui est resté d'une extrême discrétion dès que nous avons voulu en savoir plus sur le plan financier.
Puisqu’Olivier Cretinat ne change rien aux habitudes de l'Eden Café, ex Pacific Bar, et qu'il n'est pas du tout bavard, il est intéressant de reprendre l’expérience du premier exploitant, ce qui est toujours très instructif. En 1996, David de Amorin, 25 ans, ancien cadre commercial dans une entreprise de peinture pour professionnels du bâtiment, a rapporté d'une expérience professionnelle aux Bahamas un goût prononcé pour la fête. Et son sens commercial aigu lui a été d'un grand secours pour décrocher, presque par hasard, l'une des plus belles affaires de la ville de Pont-à-Mousson : « En rentrant des Bahamas, je souhaitais me mettre à mon compte, sans aucune idée précise du secteur que j'allais choisir. J'ai eu connaissance de la faillite de ce café. La propriétaire y exerçait depuis trente-trois ans. L'affaire avait sombré peu à peu, elle était criblée de dettes au point que les fournisseurs refusaient de la livrer... J'ai acheté le fonds, la licence et les murs pour l'équivalent du passif, plus un petit bonus... J'ai vraiment réalisé une très bonne affaire, surtout grâce au feeling. » Très discret sur le montant de la transaction, David de Amorin détaille plus volontiers les nombreux atouts de son établissement. D'une capacité d'accueil de 100 personnes, le café donne sur la plus jolie place, classée monument historique, de la ville. Les week-ends d'été, la municipalité organise des concerts sur la place et autorise les quatre établissements du lieu à ouvrir leur terrasse. La capacité d'accueil du Pacific Bar se montait alors à 180 places. L'emplacement, immédiatement visible pour les automobilistes arrivant de Metz ou de Nancy, permettait et permet toujours, de capter à la fois la clientèle de passage et celle du centre-ville.
Restait à faire fructifier tous ces atouts. David de Amorin s'y est appliqué avec une grande circonspection, et estimait en 1997, un an après son ouverture, être parvenu à réaliser son objectif : « Dès le départ, j'ai exclu l'idée de faire un bar classique : il faut pouvoir fidéliser la clientèle en apportant des spécificités. Mais marquer trop ostensiblement ma différence risquait d'éloigner la clientèle de passage, qui représente 50 % de mon chiffre d'affaires potentiel. Il fallait donc commencer doucement », disait-il à l’époque.
Le jeune entrepreneur cible alors une large clientèle : « Les consommateurs de 18 à 70 ans qui aiment la fête et savent la faire ». Le nom de l'établissement, Pacific Bar, constituait à la fois un clin d'oeil aux voyages du jeune homme et une invitation à la fête dans la sérénité : « J'ai commencé par virer pas mal de monde : les fêtards intempérants, les grandes gueules agressives, les clients lourds... Je ne voulais dans mon bar que des clients calmes et sociables. »
Le café, ouvert en mars 1996, a bénéficié un trimestre plus tard des concerts estivaux organisés par la mairie. Pour meubler les soirées glacées des interminables hivers lorrains, David de Amorin organise de nombreux concerts (jazz, blues...) qui rencontrent un vif succès. Le bar ne sert pas de sandwichs, mais a passé un accord avec une sandwicherie voisine : les deux établissements se renvoient mutuellement les clients. L'établissement ne sort pas des grands classiques, essentiellement bière et café.
Un an après son ouverture, en 1997, David de Amorin affirmait alors avoir déjà rentabilisé sa mise de fonds, et n'envisageait pas de revendre son établissement à moins de 180 000 euros (1,2 million de francs de l'époque). Le café, idéalement situé et redevenu l'un des lieux les plus cotés de la ville, les valait largement, à son avis.
Si le jeune patron assurait être sans cesse à l'affût d'idées nouvelles pour attirer et séduire chaque jour plus de clients, il estimait également qu'il ne pourrait pas tenir ce rythme durant plusieurs années. En guise de conclusion, et en comparant le Pacific Bar et l'Eden Café, et ce que leurs patrons respectifs ont bien voulu nous dire, il semblerait que le premier répondait plus que le second au qualificatif de bar à thème ! En effet, l’Eden café ressemble aujourd’hui au café traditionnel servant une petite restauration (sandwichs essentiellement) faite sur place. Joint par téléphone, Olivier Crétinat n’a pas désiré répondre à nos questions.

2 - No Stress Café : tout wok et antistress

À deux pas de Montmartre, entre Pigalle et Saint-Georges, le No Stress Café a ouvert ses portes en 2002 dans le 9e arrondissement de Paris. Aux commandes : Sophie Marrec. Au menu : wok, cocktails maison, apéritifs traditionnels, astrologie et shiatsu.
Restauratrice, barman, kiné, manager, Sophie Marrec, 32 ans, incarne une battante aux multiples compétences et un absolu de charme. Elle dirige son café-restaurant, dont la formule « très new » age fait un carton auprès d’une clientèle de jeunes bo-bo. C’est avec une spontanéité déconcertante qu’elle met cartes sur table. « J’ai démarré ma vie professionnelle dans le prêt-à-porter féminin. À 25 ans j’ai quitté le salariat pour lancer ma propre affaire. J’ai toujours eu envie de tenir un restaurant car j’aime faire la cuisine. J’ai donc réalisé mon rêve en ouvrant, avec deux associés, le premier No Stress Café dans le XVe arrondissement de Paris. » Étonnant pour cette frêle jeune femme à la crinière blonde, au visage d’ange sur lequel il est difficile de trouver la moindre trace de maquillage.
L’endroit rencontre un vif succès. D’autres qu’elle se seraient endormies. Sophie, non. Elle vous explique qu’elle a eu envie de créer à nouveau. Alors elle vend son premier commerce qui marchait bien pour acheter celui de la jolie place Gustave Toudouze. L’idée ? « Travailler en solo. Ici, c’est vraiment chez moi. J’ai acheté les murs. Je me suis lancée seule et ça n’a pas été facile. Être femme, chef d’entreprise, célibataire et jolie, cela ne sécurise pas un banquier. J’ai visité plusieurs établissements, quelle galère ! », se souvient-elle. Mais bien décidée à se débrouiller seule, la créatrice trouve un prêt qui viendra compléter son apport personnel. Et comme tout ce que touche Sophie-aux-doigts-de-fée, la belle histoire se transforme en or.
Grande terrasse au soleil. À l’intérieur, ambiance colorée et musicale : « En ce moment nous passons en boucle la musique du groupe Mahzet. Leur batteur, c’est Anthony, mon barman. » Les murs ocres, les lustres baroques, les tissus bayadères et les grandes tables colorées distillent une ambiance résolument cool. À la cuisine où l’on fait la part belle aux légumes, bonne odeur d’aromates, deux chefs ne travaillent que des produits frais dans un wok où les aliments cuisent rapidement et pratiquement sans graisse, à la manière asiatique. Sophie surveille, encourage, soutient, pardonne. En contrepartie elle exige de la rigueur et du professionnalisme. « Je salarie correctement mes collaborateurs, je n’hésite pas à payer les heures supplémentaires mais je veux que ça tourne rond. » Elle travaille parfois 20 heures sans interruption, toujours souriante. Elle est heureuse. « Je prends une semaine de vacances, mais ça n’a aucune importance. Ici je suis bien. Quand je ne viens pas, ça me manque. »
Les consommateurs sont à la recherche de concepts inédits permettant de cumuler les activités et les plaisirs. Une des tendances en la matière est le développement des commerces 2 en 1. Proposer des massages dans son café-restaurant ? C’est son idée. Le client peut déguster sa boisson favorite ou un plat simple et diététique tout en bénéficiant d’un massage californien ou shiatsu. « Les massages sont un bon moyen de se détendre. Moi je ne supporte pas le stress et je désire m’en préserver. J’ai pris des cours de shiatsu et dans mon premier établissement c’est moi qui massais », raconte-t-elle.
On est donc peu surpris de voir une chaise de masseur placée contre un mur. Pour 10 euros, pendant 20 minutes, sans rendez-vous et uniquement dans un but de relaxation, le soir un ou deux kinés massent par pression des doigts le long des méridiens d’acupuncture et débloquent les zones corporelles contractées, celles où ça coince facilement. « Au début, les clients hésitaient, et puis ils ont essayé et ça les a convaincus. Aux USA, les gens se font masser dans la rue. C’est passé dans les moeurs et je pense que ça le deviendra un jour ici. »
Sophie Marrec propose également des soirées centrées sur l’astrologie. On profite alors de consultations privées sur son destin et sa personnalité. Bien sûr, il faut y croire ! « La voyance permet aux gens de se confier et d’être écoutés. » Un peu psy, Sophie Marrec ? « Mais, c’est aussi un excellent antistress. » Cette jeune femme pressée n’a qu’un seul regret : elle manque de temps pour son fiancé. « Je ne savais pas déléguer. Et puis, les clients venaient pour moi, maintenant ils viennent pour l’équipe, ça va mieux. Sauf exception, je ne travaille plus le soir. Je dois assurer toute la gestion financière mais aussi passer un peu de temps avec celui qui partage ma vie », dit-elle en riant. Puis elle ajoute : « J’aimerais bien ouvrir un autre établissement. Un bar où l’on écouterait de la bonne musique. Dans quelque temps, on en reparle. »
Le No Stress Café a ouvert le 15 octobre 2002. 9 salariés en hiver et 16 en été font tourner l’établissement 7 jours sur 7 de 11 heures à 2 heures du matin. On y sert 130 couverts/jour en hiver et de 250 à 300 en été avec un panier moyen à 20 euros. Un savoir-faire commercial, un management amical, un concept inédit. Voici les ingrédients qui ont fait le succès de ce café branché.

3 - Bars & Co : le leader des bars à thème

Filiale du brasseur Interbrew, Bars & Co est le leader des enseignes de bars à thème avec près de 200 établissements sous 6 enseignes différentes : Au Bureau, Café Leffe, Brussel’s Café, Irish Corner et Belgian Café. Ce groupe ambitionne, sous ses différentes enseignes de regrouper 800 ou 1 000 établissements à terme. Franck Galliaerde, le Pdg, espère encore ouvrir plusieurs centaines de points de vente dans les années à venir. Aujourd’hui, seuls une trentaine de points de vente du groupe sont sous contrat de franchise, les autres sont sous licence de marque. Avec la licence de marque, on vend seulement un décor aux partenaires qui s’engagent à respecter l’identité de l’enseigne. La franchise est beaucoup plus directive.
Franck Galliaerde a déjà un point commun avec Interbrew : il vient du Nord. Il a fait une école d’architecture en Belgique puis il est entré dans la société Roche comme dessinateur. Rapidement, il s’est retrouvé plongé dans l’univers des CHR, car une des missions de cette entreprise consistait à imaginer et développer de nouveaux concepts d’établissements. Il a ainsi participé à la création de concepts pour Interbrew, comme Au bureau et Irish Corner. Après quelques années, il est devenu PDG de la société Roche Diffusion dont il a vendu ses parts pour prendre la direction de Bars & Co.
Chez Bar & Co, une brasserie qui emploie une vingtaine de salariés se gère comme une PME. À l’époque de l’informatique, il est tout de même possible de s’organiser pour mener une vie normale, prendre des vacances et des week-ends. C’est une question de méthode de travail. Les partenaires sont aidés par la direction de Bar & Co pour mettre sur pied une organisation efficace, grâce à l’expérience qu’elle a de ce métier. Côté emplacement, on exige un n° 1 sur au moins 250 m2. Environ 40 % des franchisés Bar & Co sont des professionnels déjà installés. Les autres sont des créateurs qui doivent par conséquent trouver un emplacement.
Chacune des enseignes a sa spécialité et son ambiance particulière. Au Bureau, la spécialité est la pizza. Chez Irish Corner, c’est le tartare… Mais, dans tous ces établissements, le métier reste le même. Et la vocation première du groupe est de vendre ses grandes marques de bière : Stella Artois, Leffe, Guiness.
Lancé en 1989, au Touquet, Au Bureau est l’enseigne phare de Bars & co, filiale du brasseur Interbrew. L’objectif du leader mondial des fabricants de bière est bien évidemment de diffuser ses produits et de se faire connaître encore plus largement. Le décor est celui d’un pub anglais, avec ses boiseries. Les établissements sont ouverts sept jours sur sept de 10 heures à 2 heures du matin. On y boit de la bière et on peut y consommer quelques plats. On y organise aussi des animations et des soirées à thème. Un établissement moyen emploie 20 à 25 personnes. Ce commerce exige donc beaucoup d’énergie et de solides qualités de gestionnaire. Bar & Co se félicite d’avoir prouvé que des gestionnaires venus d’autres horizons pouvaient parfaitement réussir. Son enseigne cible donc aussi bien les professionnels soucieux de se reconvertir que les créateurs d’entreprise. Le chiffre d’affaires moyen constaté est de 900 000 euros.

4 - Le Sablier à Rennes : Un bar, une âme

Le Sablier est l'un des trois derniers cafés-concerts rennais. Il vient de fêter ses vingt ans. Un café charismatique, à l'image de son patron, Bruno. Il ne précise pas son nom de famille « imprononçable », à son avis : Rughoobur ou Shivedutt, au choix.
De retour sur le plancher des vaches après trois années d’un tour du monde à la voile, Bruno décide, en avril 1986, de poser ses valises. « J'ai débuté avec un restaurant à Saint-Lunaire. Et puis j'ai atterri à Rennes pour reprendre cet ancien bistrot de quartier, juste à côté de la fac de droit. Entre-temps j’étais devenu papa. » Il choisit Rennes où réside une partie de sa famille. Là il trouve rapidement un vieux café laissé à l’abandon par une patronne âgée. « J’ai donné un coup de blanc sur les murs mais j’ai surtout apporté mon piano d’études. » Quelques semaines après l’ouverture, les clients venaient jouer quelques gammes en prenant un verre.
Puis rapidement, c’est le succès. La ville de Rennes lui donne un sérieux coup de pouce en finançant des spectacles. Bénabar, M, Louise Attaque, Sanseverino… y ont fait leurs débuts sur scène ! D'autres artistes, plus confidentiels, Marlon et le professeur Zeligman, Thérèse, M. Roux, les Malpolis…, ou en pleine explosion comme Anaïs, se sont mêlés à la danse. « J’ai lancé Anaïs », précise Bruno qui ne se repose pas sur ses lauriers et déniche encore de nouveaux talents. « Nous avons constitué une association intitulée Le Sablier Tour. Je ne veux pas être uniquement un tourneur pour les artistes, mais plutôt travailler en étroite collaboration avec eux et définir une véritable ligne artistique. » Bruno, talentueux musicien, joue de la trompette.
Bruno, avec deux salariés à plein-temps et un à mi-temps font tourner rondement l’affaire. Au Sablier, on ne sert que des produits issus de l’économie raisonnée : pas de cocktails mais de la bière bretonne certifiée bio, des petits vins de propriétaires, quelques plats très simples faits maison, 10 à 15 euros, servis à midi. « On fait une trentaine de couverts le midi. » La clientèle ? « De 20 à 70 ans. La salle est non-fumeur pendant les spectacles. »
« J’organise des spectacles trois fois par semaine entre 20 h 30 et 22 h 30. L’entrée est payante. » Avec une licence IV, le café est ouvert tous les jours de 12 heures à 3 heures du matin. « J’ai également une licence spectacle, obligatoire quand on donne plus de 10 spectacles par an », précise-t-il. Son chiffre d’affaires, 200 000 euros, est en croissance légère mais permanente. « Je suis le moins payé de tous ceux qui travaillent chez moi. Ce n’est pas grave. J’aide les artistes tout en prenant un réel plaisir à travailler. » C’est d’ailleurs naturellement que Bruno prête parfois sa scène au théâtre...d'improvisation pour des spectacles où les comédiens se promènent parmi les clients et où souvent les clients, pour leur plus grand plaisir, sont mis à contribution.
Le Sablier est un bar où l'on sent une âme, une vie, une histoire. Au fil des ans, il s’est meublé de bric et de broc. Une centaine d’objets hétéroclites se côtoient dans un chaleureux fouillis. Ici, une maquette de l'avion des frères Wright, là une épée à deux mains, un vieux vélo des années 1940, une collection de machines à café, le moteur d'un bateau de Cousteau, une collection d'affiches de concerts… On s'y sent bien. Bruno tient à préciser qu’il roule en DS.

5 - Des cabaretiers-risqueurs

Jeunesse et business riment et font parfois bon ménage : le Rendez-vous des amis est une entreprise jeune, créée par des jeunes dans un secteur jeune et ludique. Ils se sont connus sur les bancs de Sciences Po, contexte assez banalement bourgeois quoique plus brillant que la moyenne. Anne, Claire, Marianne, Arnaud, Julien et Clément avaient un projet : ouvrir un café style bistrot d’autrefois. Une idée, une dose d'ambition et pas mal de volonté, et voilà, le tour est joué, un rêve se concrétise le jour de l’ouverture, en septembre 2001. En fait, c'est un peu la nostalgie de leur épopée estudiantine qui aura donné aux six amis la petite tape dans le dos nécessaire pour qu'ils concrétisent et tentent de vivre dans la fête du village montmartrois leur post-adolescence studieuse. « On connaissait un café dans le 18e arrondissement de Paris. On aimait s’y retrouver et une chance ! Le propriétaire avait envie de partir, raconte Claire. Avec nos prêts étudiants on a pris le risque de se lancer sur un créneau que l’on ne connaissait que par nos jobs d’été. » Ils ont acheté le fonds, la licence et les murs. Claire, Marianne, Anne et les autres restent très discrets sur le montant de la transaction.
D'une capacité d'accueil d’une cinquantaine de personnes, le bistrot est basé dans la jolie rue Gabrielle du 18e arrondissement de Paris. Les soirées d'été, la terrasse est ouverte. Ce sont alors plus de 100 clients qui fréquentent le lieu. L'emplacement permet de capter à la fois les habitués, la clientèle de passage et les touristes. Ici, le café a cet effet enivrant, à la limite exaltant, qui fait qu'on s'y attache. Il a ce petit aspect culturel qui rappelle le style du quartier (Montmartre). On peut s'y sentir aussi bien seul qu’entre amis. C'est en quelque sorte un lieu qui allie indépendance et socialisation, solitude et amitié. Cet esprit agréable que l'on aime tant retrouver dans les cafés est créé par un ensemble de facteurs qui forment un tout presque magique : l'arôme alléchant du café, le charme du décor, les couleurs des savants cocktails concoctés par les serveurs. « Dans notre bar des amis, on peut trouver à peu près tout ce que l'on veut : il y a la salle pour observer le monde et le vieux comptoir pour écouter les blagues du serveur les jours où il a avalé un clown. Sinon on peut s'asseoir autour des tables ou dans de confortables canapés pour contempler en toute quiétude l’expo du moment (il y a en permanence des expositions sur les murs de cette salle : photo, peinture, gravures...) et profiter de la musique et de l'animation », explique Marianne. Et pour terminer cette revue très partielle de ce qu'on peut faire on dira pêle-mêle : écouter des concerts tous les jeudis, boire des Kiss my asteroide, écouter le Molow show de Molow, homme-orchestre à lui seul, lire des livres, donner rendez-vous à ses amis, rencontrer des gens nouveaux.
Avec une clientèle jeune (25-30 ans), ça n'arrête jamais. Ainsi, les six amis avaient un rêve et ils l'ont réalisé. Maintenant, ils doivent tenir bon. Heureusement, avec le temps et l'expérience les choses défilent de plus en plus aisément et le chiffre d’affaires augmente chaque année. Cinq ans plus tard, l’entreprise emploie sept salariés et deux des six associés ont ouvert deux bars, très différents du RVDA. Mais c’est une autre histoire.

6 - Ils ont créé puis ils ont mis la clé sous la porte

6.1 - Le Café Orbital et le Web Bar

En avril 1995, trois « copains » ouvrent le premier « web café » à Paris, dans un local proche de la Bourse. Quelques mois plus tard, le Café Orbital voit le jour, en plein coeur de Paris, face au Luxembourg, à deux pas de la Sorbonne. L'idée est venue par hasard. Nicolas Jardy racontait à l’époque : « J'étais photographe de presse, j'avais créé une petite agence, et j'ai entendu parler du concept de web café qui commençait à voir le jour en Grande-Bretagne. Ce concept répondait à une attente de la clientèle, Internet en étant à l'époque à ses balbutiements. Nous avons démarré avec 6 ordinateurs, 3 bénévoles, dans un local situé place de la Bourse. Très vite, grâce notamment à quelques passages au journal de 20 heures, nous nous sommes fait connaître. Six mois après, les premiers résultats étant très encourageants, nous décidions de nous installer rue Médicis, où nous sommes toujours. Aujourd'hui, vingt-cinq ordinateurs sont à la disposition de notre clientèle, et quinze personnes travaillent au Café Orbital. Parallèlement, j'ai une petite entreprise, Orbital net.work, spécialisée dans le développement de services Internet, qui propose la conception de sites Internet et leur maintenance. » Il précisait également que depuis l’ouverture sa structure était rentable.
Nicolas Jardy, seul des trois copains des débuts à continuer de gérer le Café Orbital, estimait à l’époque à 15 le nombre de cybercafés en France, dont 3 ou 4 à Paris. Aujourd’hui, les services Internet se sont développés à une vitesse fulgurante, et beaucoup de consommateurs en bénéficient chez eux. L’année 2003 s’est donc achevée pour le Café Orbital avec une vente totale de tout le mobilier, matériel informatique et oeuvres artistiques, à prix cassés.
Même aventure pour le Web Bar, situé en plein coeur de Paris dans le troisième arrondissement qui avait été créé en 1995, par une dizaine d'actionnaires de proximité. Steve Gabison et Marianne Ripp attiraient une clientèle parisienne au sens large en mettant à sa disposition 25 ordinateurs. Il existait deux formules pour se connecter : soit la formule d'abonnement, soit la possibilité de se connecter au coup par coup (1 euro les quinze minutes), chacune des deux formules représentant 50 % de la clientèle. Le Web Bar s'étalait dans une structure de type industriel, sous verrière, très « high-tech », de 700 m2, avec une capacité d'accueil de 350 à 400 personnes. Quinze salariés y travaillaient à temps plein. Comme pour la plupart des personnes interrogées, la plus grande discrétion était de mise dès qu'il s'agissait de chiffres ! L'affaire, d'après eux, semblait saine... Aujourd’hui le Web Bar est fermé.

6.2 - Le Latina

Le Latina correspondait à une mode qui rencontrait un vif succès en France en cette année 2002 : le Latina, ou tout ce qui touche au monde hispanique (salsa, tapas...). Un bar, extrêmement bien placé sur l'une des avenues les plus célèbres dans le monde, l'avenue des Champs-Élysées à Paris, s'était positionné sur ce thème. En septembre 1999, le groupe Bertrand (spécialisé dans la restauration) rachète ce bar, qui s'appelait auparavant le Chilis, et qui était positionné sur le thème USA. Employant une cinquantaine de personnes, dans un décor très typé espagnol, le Latina était ouvert de 9 heures à 5 heures le matin, tous les jours. Le restaurant proposait une carte, à midi et le soir, jusqu'à 23 h 30 ; les noctambules pouvaient ensuite s'engouffrer dans le bar-discothèque, installé au sous-sol, jusqu'à 5 heures du matin. Tous les dimanches, le Latina organisait des cours de salsa gratuits, de 15 heures à 18 heures, pour la clientèle consommant sur place un brunch (19 euros par personne). Le cours coûtait 8 euros. Comme pour de nombreux bars à thème, les personnes interviewées ne souhaitaient pas donner d'éléments chiffrés sur leur activité. Pour le Latina, ils avaient simplement répondu : « L'affaire ne marche pas trop mal. »
Et puis ? Voilà le point de vue d’un habitué : « Ça a trop changé. Avant, il n’y avait pas de chichi, pas de prise de tête, les gens venaient pour la salsa, et ils étaient servis, du vrai son, sorti tout droit de l'Amérique latine... Mais depuis qu'ils avaient refait la déco, ils ont tout changé, ce n’était plus du tout la même ambiance, le son n'était plus le même. Ils passaient du raï et même du rnb version années 80/90. Plus de zouk pour clore la soirée, plus de salsa, plus rien. Les habitués ont déserté les lieux, même le jeudi ! C'est vraiment à grand regret. Et tout ça pour cibler une nouvelle clientèle... plus importante certes ! Quel gâchis. » Aujourd’hui le Latina Café a disparu. Il est devenu le Mood, un « restaurant-bar-lounge » à l’esprit… asiatique. Terminées donc la cuisine et la décoration sud-américaines, et place à l’Orient ! Disposant de 360 couverts répartis sur 3 niveaux, l’établissement est ouvert tous les jours. À suivre.

7 - La Coupole est le café des femmes

Bourrée de touristes ou de vieux bourgeois bon chic bon genre, La Coupole n'est pas l'idéal pour des jeunes en quête de convivialité. Les prix sont élevés, le service un peu guindé, et un bruit infernal couvre les conversations. Par contre cet endroit mérite le détour pour la déco et toutes les photos présentées à l'intérieur. À noter, les soirées réservées aux femmes.
À l'initiative de Georges Viaud, chargé du patrimoine de la restauration Flo, les « Cafés des femmes à La Coupole » ont lieu tous les mois. Le thème : « Une redécouverte de la symbolique féminine dans la cité ». Chaque mois, depuis janvier 2005, l'association « Souffles d'Elles » présente une ou plusieurs créatrices qui livrent librement leurs travaux dans diverses disciplines : littérature, musique, arts plastiques. « La Coupole est leur lieu privilégié, celui de l'alchimie du Verbe et de la Beauté », raconte Marie-Jo Bonnet.
Marie-Jo Bonnet est la présidente fondatrice de l’Association Souffles d’Elles, créée en décembre 2003 dans le but « de promouvoir, produire et diffuser toute forme d’activité créatrice liée à la libération des femmes dans l’art ». Elle s’attache particulièrement à « relier l’éthique et l’esthétique pour agir en faveur de l’inscription d’une symbolique nouvelle dans la Cité ».
Au programme, des thèmes aussi variés que : la bande dessinée et le dessin d'art avec Chantal Montellier, Jeanne Puchol et Catherine Beaunez ; les femmes photographes aujourd'hui ; la question des avant-gardes et des femmes ; être comédienne ; le père en question en psychanalyse et religion... Vaste programme !



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